Réflexions sur le dispositif du cinéma en plein air
Bien avant l’invention du cinéma, dans les foires en plein air, les bateleurs créaient des ombres chinoises derrière une toile et racontaient des histoires.
Je montre en miroir cet avant du cinéma et de la projection en inversant le sens de la lumière : c’est l’écran qui émet et découpe les silhouettes de ces nouveaux acteurs qui se projettent dans le dispositif.
Contrairement à la salle obscure où l’installation est simple et codifiée, ici se met en place tout un rituel et une scénographie.
Le changement des couleurs de l’écran, comme un cœur psychédélique qui bat, devient onde énergétique.
Je mets en scène les interactions entre cette vibration, les déplacements et les attitudes.
Rythme du montage et musique remettent ces personnages dans le processus temporel et séquentiel du cinéma.
Mais l’évolution des ombres chinoises vers la technologie numérique et le relief fera bientôt disparaître ce son si attachant du crépitement à 24 images secondes du projecteur….
AGNÍ the FIRE
Chaque nuit de pleine lune à Tiruvannamalai, Inde du Sud, des milliers de pèlerins marchent autour de la colline d’Arunachala, la montagne sacrée où Shiva, le Dieu de la destruction, apparut sous la forme d’une colonne de feu.
Agní (अग्नि) est un mot sanskrit qui signifie feu et qui évoque le dieu védique du feu de l’hindouisme. Il est également la divinité tutélaire de la direction sud-est et on le trouve généralement dans les coins sud-est des temples hindous. Dans la cosmologie classique des religions indiennes, Agni, en tant que feu, est l’un des cinq éléments inertes et impermanents (pañcabhūtá), avec l’espace (ākāśa), l’eau (ap), l’air (vāyu) et la terre (pṛthvī), les cinq se combinant pour former l’existence matérielle perçue empiriquement (Prakriti)
Avec l’aimable autorisation de Wikipédia
La piscine (The pool)
Avec « the pool » j’utilise le média vidéo comme méditation contemplative et hypnotique.
J’interroge l’eau primordiale, celle d’avant notre naissance et celle des origines de la vie sur terre.
La profondeur et le bercement minimaliste de la musique viennent renforcer cette intériorité.
La transparence de l’eau nous renvoie à l’innocence de l’enfant.
L’exploration sereine du dispositif par les corps, le lien qui se tisse entre eux, le bien-être qui s’installe peu à peu créent une sorte de Watsu * intuitif et joyeux.
Disparitions et hors-cadre incarnent les respirations du mouvement et le temps d’après.
*Le Watsu ® est un moyen pour rééquilibrer les énergies, basé sur les techniques et les théories de la philosophie orientale, visant à la récupération et au maintien du bien-être psychophysique.
Soham
Le mantra SOHAM est appelé mantra universel car sa vibration est le souffle vital.
Sooooo est le son de l’inspiration, Hammmm celui de l’expiration.
A cinq heures du matin, le soleil se lève sur les Backwaters: la nature se réveille et se met à respirer.
Ce paysage est pour moi une évocation du paradis perdu, d’une époque plus simple où les hommes vivaient de cueillette, de pêche et de chasse.
J’utilise l’outil vidéo pour sa lente distorsion du temps, sa traduction du réel et la relativité qu’elle souligne.
Ce travail s’inclut dans la suite de mes recherches photographiques sur l’eau.
C’est aussi une installation méditative, environnementale et un point d’ancrage.
Blue hour : dans la jungle Indienne à l’heure bleue.
Blue hour vient de l’expression française « l’heure bleue » qui définit le moment du lever et du coucher de soleil où la lumière est affadie sans qu’il ne fasse encore nuit.
Fugitif mais intense surtout sous les tropiques, c’est le moment spécial où les animaux expriment leur frénésie vitale et leur peur de l’obscurité par des cris et de l’agitation.
Par cette vidéo, j’interroge la mémoire ancestrale de notre humanité, celle du cerveau reptilien, face à l’angoisse de la nuit en forêt.